19. avr., 2020

Billet # 135 du 17 mars

Billet # 135

Il y a un joli texte qui circule sur FB. et que je partage avec vous.

Je trouve néanmoins étrange que cet auteur que je ne connaissais pas (mea culpa) et qui a 26 000 « suiveurs » sur FB n’ait rédigé un billet « que » le 6 avril ! Rien avant, rien après ! Comment est-ce possible avec tant d’influence ?

Je suis entièrement d’accord sur tout dans ce texte sauf sur « petit détail » tout simple : si nous avions eu un minimum d’empathie vis à vis de ce que les Italiens vivaient à la mi-février, ou un minimum d’intérêt et si nous avions écouté les très nombreux messages qu’ils nous ont constamment et généreusement envoyés, pour ne pas faire comme eux, nous aurions gagné 3 semaines ... c’était énorme comme cadeau et c’était précisément ce que les Italiens voulaient nous éviter... nous allions vers le même précipice qu’eux, ils nous ont envoyé des cordes, des échelles, des parachutes et des hélicoptères et nous n’avons rien accepté nous avons sauté dans le vide.

Dont acte. Notre scénario eut été tout autre. Je ne suis adepte ni du conditionnel ni du subjonctif dans ce cas, mais du présent et du futur de l’indicatif. Il nous faut avoir un minimum d’honnêteté, et faire un examen de conscience de base et assumer avec courage ce qui me semble impératif.

Les plus intelligents ont été les Grecs par empathie pour l’Italie, et humilité, ils ont tout de suite agi et OUI ils ont immédiatement fermé leurs écoles, mis en quarantaine le bateau avec des cas suspects à bord au large d’Athènes... résultat : ils sont très peu touchés. Le Portugal idem, on n’entend d’ailleurs presque jamais parler de ces deux pays ! Le Portugal a anticipé tout de suite voyant l’Espagne crouler sous les morts. Frontière fermée - ils n’en n’ont qu’une certes ! Les urbains se sont mis au vert, isolement... certes ils ne sont que 10 millions direz-vous soit l’Ile de France ! mais ne déplorent que 500 ou 600 cas... leur économie n’est pas à l’arrêt et immédiatement les loyers des HLM furent suspendus, ils ont testé énormément et isolé les contaminés sans empêcher le reste de la population de vivre. Bref, deux cas exemplaires et modernes sur comment gérer une pandémie. Bravo !

On aurait dû a minima être empathiques et humbles envers les Italiens, nous avons ignoré les cercueils qui s’empilaient, on a critiqué leur méthodologie et dit que nous avions le meilleur système de santé au monde, les plus grands virologues au monde (Sic), tout ceci fut clamé haut et fort...

Et nous aurions dû — au moins — réussir à vraiment sérieusement confiner les deux grands clusters : l’Oise dès le 1er mars, et l’Alsace à l’instar du Portugal ... ça fait beaucoup de ratés quand même... ?

Donc certes, ce texte tardif est beau, agréable à lire, respectable, louable et républicain et évidemment nous ne pouvons qu’être d’accord avec son message.

Je ne peux néanmoins — à mon modeste niveau en province — et avec moins de 240 « suiveurs » m’empêcher de confier la saine rage que j’ai éprouvée après avoir désespérément couché dans une centaine de billets via FB depuis la fin février — tentant de relayer le cri d’amis italiens pour nous faire gagner ces 3 semaines vitales, la réalité qui nous attendait.

Je ne peux m’empêcher de me dire que si l’auteur de cette lettre qui a tant de milliers de « suiveurs » sur FB, et si d’autres intellectuels français avaient, comme moi, relayé les mêmes informations virales, à leur échelle, je me dis qu’on aurait pu gagner et éviter ce que nous vivons. Imaginez ! J’ai pris des photos des messages postés sur les pages FB et Instagram de nos personnalités influentes depuis début mars pour immortaliser ... c’est consternant, à pleurer. Des fariboles au pire, de la camomille au mieux.

Des amis américains et néo-zélandais m’ont remerciée car ils ont disent-ils gagné du temps et sortir du déni et je me dis qu’à mon petit niveau d’influence j’ai fait une petite différence. Imaginez la différence « qu’Ils » auraient dû faire ?

Si vous remontez votre propre fil d’information FB jusqu’à la fin février — je vous invite à le faire et à en tirer vos conclusions.

Ce n’est évidemment pas la pénurie dramatique de masques, de respirateurs et de tests dont nous devons nous lamenter et en vouloir à nos dirigeants, tout ceci coule de sens, et il est inutile d’écrire ces lignes supplémentaires sur ce sujet enfin ! Mettons toute notre énergie à en fabriquer ! sinon nous allons encore avoir 3 semaines de retard ! Car bien évidemment aucun pays n’avait sérieusement envisagé cette pandémie... et en lisant la Presse étrangère, c’est la même litanie... nos gesticulations sont vaines. Cette lettre nous dit des choses que nous sommes « capables » d’entendre et que nous voulons entendre. Elle apaise. Il y a une place pour cela.

De même les querelles de chapelles contre le Professeur Raoult et son protocole à Marseille ne font pas honneur à notre Médecine. Quel manque de hauteur. Les Français n’ont pas besoin de cela en ce moment, les malades veulent avoir accès aux traitements désespérément... le pays a besoin de réunir toutes nos capacités scientifiques dans le même combat et de dépasser les querelles d’ego et les intérêts de Big Pharma. Les Français sont las... alors oui une camomille fait du bien... mais bon...

Le véritable échec aura donc été le fiasco des réseaux sociaux à nous avertir en temps réel pour faire sauter l’étape inutile du déni. Déclencher un « wake up call ». Les Indiens d'Amérique avec leurs tam tam étaient beaucoup plus efficaces que nous avec facebook, Twitter, etc pour prévenir d’un danger. Nous fûmes plus efficaces avec moins il y a trois siècles....

Quand la peste sévissait en Méditerranée au 16e siècle, on avait organisé « le monde » en conséquence et Marseille n’avait connu aucune épidémie en 60 ans car des consignes drastiques étaient en vigueur : tout navire provenant de Damas par exemple, où la peste sévissait devait avoir une patente attestant une cargaison dite « brute » le capitaine devait l’accoster à l’île de Pomègues, qui servait alors de lieu de quarantaine. Selon la patente brute, les personnes ayant navigué, les cargaisons et le navire étaient mis en quarantaine pour une durée plus ou moins longue, pouvant aller respectivement de 18, 28 et 38 jours à 35, 50 et 60 jours. En cas de peste avérée, c’est sur l’île Jarre que les bateaux étaient envoyés. Or, le capitaine d’un navire qui s’était vu refuser l’entrée au port de Livourne... en Italie, à cause de morts suspectes à bord juste avant son arrivée à Marseille, décida d’aller directement décharger sa cargaison dans le port de Marseille sans respecter la procédure et la quarantaine ce qui causa la grande épidémie de 1720 qui tua la moitié de la population soit 40000 morts et se propagea à la Provence... un mur de pierres sèches témoigne encore de ce fait en Provence...

Exactement 300 ans plus tard, avec les systèmes de communication dont nous disposons — nous n’avons aucune excuse et nous avons réitéré la même erreur : les Italiens à Livourne à l’époque à l’instar de leurs contemporains, avaient déjà envoyé un message aux Français quant à une « cargaison » pestilentielle.

Alors maintenant effectivement cette lettre nous « maintient le moral à flots » pour faire face collectivement sans sombrer dans la mélancolie à défaut d’avoir été acteurs, nous sommes relégués au rang de spectateurs et nous ne pouvons « que » nous résigner à rester activement longtemps confinés et à cultiver notre jardin comme Candide pour les chanceux qui en ont un ...

Voltaire en son temps avait su hurler dans sa célèbre lettre philosophique dite de la Variole, car l’épidémie de variole à Paris aurait dû être évitée si les Parisiens arrogants — au lieu d’ignorer les Anglais — pire de les juger cruels car ils inoculaient la variole à leurs enfants — avaient eu l’intelligence d’apprendre eux-aussi à immuniser leur population. Cela eut évité à Paris de perdre 20 000 habitants d’un coup... il faut croire qu’en presque 300 ans, nous n’avons toujours pas appris de leçons, et que l’Histoire se répète cruellement et que la postérité jugera comme d’habitude... aucun de nos soi-disant intellectuels, philosophes, grands virologues n’a hurlé et tiré la sonnette d’alarme ! Il fallait être cruellement autoritaire. Timing is everything.

Notre démocratie n’est certainement pas assez efficace effectivement pour nous protéger et nous avertir et nous dire la vérité « trop » difficile à entendre, nous sommes devenus « trop fragiles » et on nous a anesthésiés avec l’entrée de la Macédoine et de l’Albanie dans l’UE, nos carnavals, le grand rassemblement des schtroumpfs et nos élections municipales dont plus personne ne se soucie alors que nous avions un tsunami viral qui s’abattait sur notre territoire... les Italiens médusés ont observé impuissants notre folie nationale collective...

Alors oui on nous rappelle que la grippe de Hongkong a tué 31 000 personnes en France entre 1968 et 1970 sans qu’on s’en émeuve ni ne s’en souvienne. Tous ces articles mettent les choses en perspective certes... mais cela ne change pas notre réalité. Camomille...

Et oui nous Français, ne sommes pas « les plus à plaindre » dans cette tragédie mondiale, regardons outre-Atlantique le désastre qui se joue... Le Brésil, l’Inde, l’Afrique, etc

Alors oui nous pouvons maintenant tous héroïquement serrer les dents et nous consoler collectivement dans une jolie lettre qui n’a ni la trempe ni la vigueur et encore moins l’efficacité de celle d’un Voltaire pour nous ressaisir mais qui nous « rassure » (probablement le verbe le plus utilisé depuis 5 semaines) et adoucit notre conscience nationale. « Peut mieux faire » sombre et piètre consolation pour le pays dit des Lumières... vite de la camomille...

On a effectivement « du boulot » pour nous ressaisir, injecter de la vigueur pour sortir de la torpeur. Et notre expression tellement française qui consiste à dire « bon courage » à tout « bout de champ » en temps normal ne peut que gagner en épaisseur et en profondeur.

Mais comme nous le disent toujours et encore nos amis italiens : n’oubliez pas que c’est de Venise que le concept du confinement est venu et que Venise fait partie des villes modèles en cette pandémie ! Elle se purifie et commence à émerger prudemment « piano sano e speriamo lontano »... et que des épidémies de peste noire à Florence que la Renaissance est née !
Alors soyons intelligents !

#voxclamantisindeserto
#skipdenial