DE LA FEMME

Copie fresque de Pompeï

L’AMÉRICAINE EST " FEMALE "

C'est la langue qui la nomme ainsi. Difficile de mettre le curseur sur  «  la femme  »  dans une culture masculine. Entre la femme professional à l’Américaine, qui a dû beaucoup concéder ou tuer pour arriver au poste où elle est parvenue, qui s’est « battue » et la femme française qui reste dans l’illusion de pouvoir changer l’homme, qui ose moins, il y a un juste milieu. Cherchez la femme. Veillons à ne pas perdre ce qui fait notre différence. Les biologistes parleront de testostérone et d'ocytocine, etc. La nature s'imposant et s'invitant bien entendu dans le débat.

La femme américaine, trop forte, trop courageuse peut-être, empiétant sur les territoires jadis occupés par les mâles, aurait beaucoup à gagner à ne pas tout assumer, à ne pas imiter le mâle au travail, à accepter d’être une femme dans toute sa puissance. L'homme, ne trouvant plus son espace, tel un cowboy privé de son cheptel et des grands espaces de jadis, est contraint pour exister, d'exagérer sa virilité, son machisme ou bien, de se définir comme gay. Le curseur masculin-féminin est très variable d'une culture à l'autre. L'Américaine aurait tout à gagner à accepter sa différence et la cultiver. Trouver un savoir-être sans être systématiquement dans le male bashing ni dans un féminisme exacerbé. Apprendre à être une femme sans être une female.  Davantage dans le Doing , elle se définit comme la somme de ses actions, the busier, the better et moins dans le Being,  la réflexion. La découverte de sa force et de sa sensibilité lui ouvrirait quelques portes d’accès à sa féminité. Elle gagnerait en sophistication, en finesse, en subtilité, en mystère. Elle accèderait à un quant-à-soi. Mais c’est là tout le problème. Elle n’accèdera pas à ce mystère de l’ordre du «   je-ne-sais-quoi  » enfoui dans les cultures féminines plus implicites, telles que la francaise ou l'italienne.  

ÉLOGE DE LA COMPLEXITÉ DE LA FEMME FRANÇAISE

Les seules femmes avec lesquelles je pouvais avoir des conversations sur le sens de la vie -- conversations à la française s'il en est --, étaient généralement des femmes d’origines variées : des Libanaises, des Iraniennes, des Turques, des Italiennes, des Argentines. Celles par ailleurs qui parlaient le français et l’imposaient à leurs enfants comme référence culturelle. Avec mes amies d’origine WASP, je n’ai jamais pu entrer dans un dialogue profond, intime offrant une exploration de «   la femme  » en général. Je me bornais à des conversations de premier degré : recettes de cookies, cours de la bourse, écoles de nos enfants, valeur immobilière de la maison dans le quartier. We were doing things together without being together.

Les femmes les plus équilibrées que j’ai côtoyées --  et je leur rends hommage ici --  sont mes amies françaises et italiennes de Los Angeles. Elles ont conservé le meilleur de la culture française et européenne tout en conjuguant l’efficacité de la culture américaine. Une Américaine m’avait confié avec envie : «  You French women, celebrate womanhood everyday ». 

Elles cultivent avec finesse et intelligence leur différence. Elles se sont débarrassées de l’encombrement de la Française «   trop française  »,  (on comprend exactement le sens de ce mot entre nous expatriées, je ne peux le décrire « en soi » pour une Française de France). Elles comprendront alors ce que je veux dire « par là ». Elles auront le courage et l’énergie de la femme américaine, tout en ayant gardé le « je-ne-sais-quoi  » français qui leur confère une vraie féminité, une complexité et une vulnérabilité et une force assumées, agrémentée de ce fameux «   mystère  ».  Elles ont su réconcilier leur persona américaine avec la française. 

COMMON GROUNDS

Un point commun entre la femme américaine et la femme française est que l’une et l’autre sont en réalité assez «  seules  » pour élever les enfants. Je le maintiens, elles sont seules pour la santé et au quotidien à tenter d’avoir de «   l’autorité  » sur ces derniers déifiés en Amérique. Des deux côtés, je vois un abandon de l’autorité du père. Aux États-Unis, l’homme n’ayant qu’un rôle fonctionnel et limité dans la maison, se borne à des tâches précises et cloisonnées : excellent provider, soccer coach. Il incombe encore dans les deux pays à la femme d’être performante aussi bien au travail extérieur, qu’à la maison. L’exigence est la même partout. Des études publiées en avril 2009 quant à la parité des tâches entre hommes et femmes, mettent fin au leurre du « nouveau père ». Le constat des deux côtés étant le processus de masculinisation de la femme, puisque ce sont les business schools qui donnent le « la »,  puis l’entreprise. Aucune des qualités « dites féminines »  n'y sont mises à l’honneur. Le sens de la communication, la douceur, la compassion, l’altruisme dans le vrai sens du terme, donner du temps, savoir écouter, la présence réelle et non simulée, la négociation en douceur, l’embellissement de la vie au quotidien, le parti pris du Beau, la tendresse, savoir verbaliser tout haut les chagrins, le don.