18. mars, 2012

SERIONS-NOUS VICTIMES DE NOTRE LANGUE ?

BON COURAGE ET ENJOY !

De retour en France, c’est le rituel du « bon courage ! » qui interpelleExpression totalement déplacée s’il en est ! De quel courage parlons-nous ? Je n’allais pas au front à la guerre ! L’équivalent américain étant : Enjoy ! Ou bien have a good one, c’est-à-dire prenez du plaisir à ce que vous allez faire. Question de perspective.


SERIONS-NOUS VICTIMES DE NOTRE LANGUE ?

À force de nous miner le moral avec des : « Je te l’avais bien dit ! Comme par hasard ! Foutu pour foutu ! C’était mal parti. Au point où nous en sommes. On  n’est pas rendus. De toutes façons... Fallait s’en douter. C’eut été étonnant. Fallait que ça tombe sur nous. Au train où vont les choses. Vu l’allure. Comme d’habitude. C’est toujours la même chose. Il l’a pas volé. C’est pas à nous que ça arriverait. Comme de bien entendu. Faut pas se faire d’illusion. Comme il se doit. Comme par hasard. J’aurais dû le savoir. C’était tout vu d’avance. J’aurais dû me méfier, etc. Comment ne pas déprimer avec une langue qui déprime « par elle toute seule » ? Chaque phrase est ponctuée de locutions laissant un goût d’amertume, de regret, de « quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse ». C’est une malédiction. Vestiges des anciens dieux romains ? Païens ? Superstitions ? Paysannerie, famines, disettes, fatum, destin ? -a pas moyen... Je te l’avais bien dit ! Dans quoi tu t'es lancé encore ?  Un Français pourrait tenir une conversation une journée entière en se tenant à cette liste sans parler d'un sujet particulier, mais en scandant des heures de malédiction, de mauvais sort, de poisse, de vérités générales en nous abreuvant de c’est pas possible, de à bon entendeur, salut ! T’avais qu'à pas… T’étais prévenu d’avance. Nous disant que : c’est pas demain la veille que ça va changer, d'abord, ça se saurait ! Depuis le temps ! Comment ne pas voir tout en noir avec une telle langue ! Et si nous décidions collectivement d’éliminer toutes ces expressions déprimantes de notre lexique ? Essayez ne serait-ce qu'une journée entière de les recenser... ou de vous abstenir ?

Tout se passe comme si les mots étaient plus forts que le locuteur qui les utilise et qui tombe dans le piège de la langue. C’est pas surprenant qu’avec une langue pareille, on soit toujours à geindre. Le français serait-il vraiment une langue déprimante ? Rendant le sujet irresponsable dans la phrase et affligé d’une poisse permanente ? Si c’est le cas, déclarons une guerre quotidienne à nos expressions dépressives. Reprenons-nous, il est encore temps ! Reformulons à la voie active, fuyons le passif, restons dans l'indicatif, l'impératif, décidons qu’aujourd’hui sera une bonne journée ! Arrêtons la plainte ! Mettons un stop à ce sport national qui est la jérémiade, y'a pas d’raison d’abord  !

Voir : Mais Bon, Essai sur la Mentalité Française www.pbaudry.com . Nous avons recensé plus de 1700 expressions dépressives. Cherchons un éditeur pour cet essai.