DÉCONNEXION DU RÉEL

Nous avons fait ce constat quant à la « déconnexion d’avec le réel ». On comprend toute la force du marketing de l’experiencing qui, ayant diagnostiqué ce manque de connexions, le vend sous forme de workshops afin de reconnecter le réel avec la vie. C’est de l’ordre de la ah-ha revelation. Nous avons tous et toutes entendu en Californie, de jeunes Américains qui pensaient que les spaghettis poussaient dans des champs ou autres aberrations. De même, sentant de la menthe fraîche, de s’étonner que cela leur rappelle le dentifrice, peppermint toothpaste.

I Can’t Believe It’s Not Butter. Il s’agit du nom sous lequel est commercialisé un ersatz de beurre vendu en spray qui prétend être meilleur pour la santé que du beurre et qui est vendu sous une version light   ! ¹ Un autre substitut est possible : Eggs Out of The Box ou bien des Yolkless Eggs, (des œufs sans jaune et naturellement sans cholestérol). Ce n’est pas nouveau, dans les années 50, l’Amérique consommait du camembert en conserve, fruit du processing de l’industrie alimentaire. Il faut maintenant consulter des sites ² pour savoir où trouver de « vrais  » œufs, prouvés comme étant plus « pauvres » en cholestérol et plus riches en vitamines, que ceux que Mère Nature offre naturellement, mais que l’Américain, coupé de la réalité, ne connaît plus. Tous les shortcuts culinaires américains sont effrayants pour nous Français.

Le seul «vrai » beurre se trouve dans des chaînes de supermarché spécialisées telles que Trader Joe’s et autres distributeurs de qualité. Une des marques étant : Plugras...  Au moins c’est du beurre jaune qui sent bon et a du goût et le minimum d’impuretés requises pour faire une sauce hollandaise ou autre émulsion de type beurre blanc. Il faut un beurre imparfait, c’est-à-dire impur, m’avait jadis confié un chef cuisinier français en Amérique pour qu’une émulsion prenne... Le chef en France est face à un « piano », terme noble s'il en est, il interprète, et improvise à l'instar du musicien.

POUR LES NULS®

Les Geeks, ³ peuvent consulter de nombreux sites conçus "pour les nuls", pour eux, qui démontre en créant le concept d’ analytical cooking, à quel point il ne leur est pas naturel de cuisiner from scratch en employant des ingrédients « réels ». C’est à partir du moment où une Française commence à utiliser un substitut tel que : I Can’t Believe It’s Not Butter ! que la culture commence à « foutre le camp »  !

Quand je fais de la peinture, je commence par tendre ma toile de lin sur un châssis. Je prépare l’apprêt, une enduction de colle de peau de lapin... plusieurs couches sont nécessaires. Puis l’ensemble sèche, lentement... doucement... alors le fond peut s’envisager. La peinture à l’huile c’est tout d’abord la texture. Le choix des pinceaux qui correspondent au résultat. D’abord le dessin préparatoire, puis la couche maigre... et enfin les couches grasses... avec un médium approprié, et les glacis... Tout ce procédé de couches successives est précieux pour construire une idée et faire émerger le tableau final, les shortcuts sont priés de s’abstenir. Pendant plusieurs jours, voire semaines, on ne voit rien émerger. Parce que les valeurs ne sont pas connectées entre elles, puis une fulgurance se produit. Tout comme lorsqu’on pétrit de la farine, du beurre, du sucre et un œuf pour obtenir une pâte sablée. Au début, tout est granuleux et s’éparpille comme du sable... il faut procéder au sablage, puis d’un seul coup, toutes les particules se rassemblent et la boule prend forme. Le sens du tableau apparaît aussi d’un seul coup, on le sent venir... mais on sait qu’on est encore loin du but. C’est avec souffrance et labeur que le peintre continue son œuvre en ajoutant des rehauts et retranchant, des demi-teintes. C’est alors qu’il commence à voir que cela « fait sens » et prend une tournure. Alors il pose le pinceau. [...]