ABSENCE DE TERRAIN VAGUE

Mes voisins Cubains m’ont fait découvrir un merveilleux coin pour cueillir des mûres avec mes fils, dans un endroit qui sort des sentiers battus sur les berges, le long de la river encaissée dans sa gaine de béton, accessible à vélo. Bien entendu, seuls les Hispaniques, et « nous », commettions cet acte si « latin » d’aller nous aventurer hors des chemins balisés, dans la nature, pour cueillir des fruits gratuits, à cinq cents mètres d’un supermarché de la chaîne Ralphs qui vend ces mêmes mûres à un prix fort élevé. Ce genre d’escapade ne viendrait pas à l’esprit d’un résident anglo-saxon. De même, un Anglo-Saxon ne traversera jamais en dehors de la zone viabilisée pour les piétons.

Il faut alterner les fleurs pour en avoir toute l’année, le Morning Glory, volubilis qui est effectivement « glorieuse » le matin toute l’année. Sur un fond oranger de soleil faiblissant s’abandonnant au crépuscule se dessinent de maigres Mexican Palm qui viennent rythmer le ciel bleu de Prusse intensément rougeoyant… brûlant comme les vents de Santa Ana. Merveille des merveilles du climat dans ce pays béni des Dieux. Le vent chaud et sec du désert se lève souvent en plein hiver et le thermomètre avoisine les trente degrés. Ce vent qui rend fou fait vibrer… Ce n’est jamais le pays de la sieste méridienne, au contraire, c’est une chaleur énergisante. L’électricité statique est partout et galvanise tout, le plastique se brise net, les cintres se cassent, on produit alors des étincelles sous ses pas. L’air est électrique, les poignées de portes vous envoient des décharges électriques dès qu’on y touche. Les moquettes crépitent sous vos semelles. C’est aussi le vent qui répand ces incendies réguliers et dévastateurs. Mauve comme le mois de mai, où les Lys du Nil, ces agapanthes… s’accordent à la teinte identique des fleurs de jacaranda qui synchronisent leur floraison en mai. 

Jachère fleurie, France