LA FORME ACTIVE ET LE PRÉSENT DE L’INDICATIF

L’ANGLAIS N’AIME PAS LA FORME PASSIVE

Si nous venons de voir que l’anglais est une langue du oui et du non, du blanc et du noir, qu'aucune nuance de gris approximative n’est permise ni même envisageable. L’expression invitant à répondre en noir ou en blanc : « it is a yes or no answer » illustre bien la dichotomie.

Il n'est pas surprenant non plus que la voie active soit préférée, l’action et la responsabilité du sujet domine en syntaxe sur la forme passive, qui reste la forme préférée du français dans laquelle l’action du sujet est dissoute. I miss you n’a rien à voir avec «  tu me manques  », c’est la voie active qui l’emporte ici. Nous retrouvons cette même tournure, normalement à la voie active, qui se conjugue au passif en français : «  ça ne lui réussit pas  »,  nous entendons bien que normalement c’est le sujet qui devrait réussir alors qu’ici, l’objet devient sujet de l’action et se conjugue sous forme intransitive. Le sujet et le complément d’objet subissent une inversion. L’anglais a horreur du complément d’agent, c’est le sujet qui décide d’abord et mène la danse. [...]


LA MÉDAILLE SE DÉROBE

J’entends les expressions suivantes :  « la médaille d’or se refuse à la France » et lors de la finale des sabreurs, en parlant de Julien Pillet :  « On dirait que la médaille de bronze saute de la poche de Julien. »   Question : Est-ce vraiment la médaille qui agit et n’en fait qu’à sa tête ? Ce type de commentaire est intrinsèquement français, c’est la poisse de nos athlètes, que des commentateurs médiocres ne cessent de chanter de façon lancinante comme des mantras. C’est aussi Christine Arron :  « C’est pas mon jour » (sic). Bref, leur jour c’est quand au juste ?

En français, l’expression  «  c’est pas faux  »  est plausible et signifie soit que c’est loin d’être vrai, soit que c’est un peu faux mais pas tout à fait. « Cela ne m'a pas déplu » est du même type. Ce type d’appréciation est impossible en anglais américain. Un Américain dira soit :  « it’s right »   ou  « it’s wrong »   . Il ne pourra pas dire que c’est pas complètement faux ou pas complètement vrai !  It’s partly right, partly wrong  n’est pas américain.

Une autre expression intraduisible en anglais est :  «  Je suis dépassé par les événements ».   Cette forme passive du sujet se dérobant face aux événements n’est pas américaine non plus. Un Américain n’est jamais dépassé par les événements. Le sujet reste maître du verbe.  Things are out of control, out of my league,  se transforme rapidement en :  I have it under control. Get your act together !  La voie active reprend toujours le dessus des « choses ».

De même, l’Américain dira :  I am not going to lose sleep over this,  qui donnera en français : cela ne va pas m’empêcher de dormir, ce qui est très différent puisqu’en anglais, c’est le sujet qui décide qu’il n’aura pas d’insomnie, alors qu’en français, clairement, la cause de l’insomnie est extérieure et le sujet devient passif de cet élément extérieur.