STARBUCKIZATION, MUFFINIZATION, SUSHIZATION ET CUPCAKIZATION

" La planète, après s’être McDonaldisée, est en train de se Starbuckiser, de se muffiniser, et de se sushiser et maintenant de se cupcakiser"

Cette uniformisation a considérablement bouleversé cette approche naturelle puisque « conditionnée » par l’air climatisé qui enveloppe tout et enlève la touche de poésie du voyage. Nous sommes violemment plongés dès l’arrivée à l’aéroport, dans un monde à part, sans initiation, qui ressemble pourtant à tous les autres aéroports du monde avec ses Starbucks,  les mêmes sushi bars, les mêmes muffins,  les mêmes smoothies. La planète, après s’être McDonaldisée, est en train de se Starbuckiser, de se muffiniser, de se sushiser et maintenant de se cupcakiser.

 Nous sommes dans l’illusion, pas totalement fausse d’ailleurs, que c’est partout pareil. Arrivant pour la première fois en Chine en juin 2007, les villes de Shanghaï et de Pékin subissaient alors le grand nettoyage préalable aux Jeux Olympiques, et réellement, mon impression de Pékin fut celle d’une ville américanisée, saupoudrée de shopping malls,  avec quelques quartiers authentiques qui disparaissaient sous les bulldozers. Certaines portes d’entrée de la vieille ville chinoise étaient miraculeusement sauvegardées et exposées telles des chinoiseries dans les musées construits en style international. À bien des égards, je préfère China Town de San Francisco parce qu’elle correspond à ce qu’une ville chinoise est censée être dans mon esprit occidental.

PREMIÈRE IMPRESSION

« Nous nous avançâmes vers une habitation. Des bois de baumiers et de cèdres de la Virginie, des oiseaux-moqueurs et des cardinaux, annonçaient, par leur port et leur ombre, par leur chant et leur couleur, un autre climat. » 1

Mon tout premier vol vers Los Angeles donna lieu à une rencontre insolite. J’ai aimé la ville d’emblée. Je l’ai immédiatement comprise. J’embrassais son effervescence. C’était comme si je l’avais déjà connue auparavant. Nous nous retrouvions dans un phénomène paramnésique. Je reconnaissais les palmiers de Sicile et les cyprès de la Toscane. Je me sentais « chez moi ».

Avant de partir pour le Nouveau Monde, je pensais que tout devait être forcément différent de la France et de l’Europe puisqu'on le nomme  nouveau. Même l’herbe ordinaire devait forcément y être « nouvelle »Je fus déçue d’y trouver les mêmes orties ( stinging nettles ) que dans nos fossés, bien que jamais urticantes, à chaque fois que je les ai rencontrées, je m’y suis frottée... presque nostalgique de cette brûlure, réminiscence de nos jeux d’enfants en France. Je me demande si le terme vient directement d’Angleterre, via les colons, les feuilles y sont similaires, mais elles ont oublié d’être piquantes... Ils auraient dû abandonner le segment stinging (piquant) et garder nettles.  Il en est de même pour les mûriers, blackberry ou black mulberry, je prenais des précautions inutiles les ronces étant dépourvues d’épines. 

Cependant, les mauvaises herbes y sont aussi « mauvaises » que chez nous... La coquille des œufs y est trop blanche... tout comme le beurre, le levain du sour dough bread trop acide. J’étais ravie de constater que les rouges-gorges y sont démesurément grands et les dindes, comme les guêpes, des tueuses (killer bees)... surdimensionnées, tout comme les pommes de pin des Ponderosa Pine, ouf... de taille bien américaine ! L'abalone n'est qu'un ormeau géant... Puis on aperçoit tôt le matin, avec un peu de chance, un géocoucou sur le bord de la route, Bip Bip, le roadrunner ... et là on sait qu’on est réellement dans l’Ouest américain. La nature a pris ses aises. On passe les trois premières années à faire un inventaire de tout, c’est épuisant de mesurer, de convertir et de toiser... Sur la côte Est, j’avais mis au point une liste de poissons pour trouver l’équivalent des spécimens français au fish market de Philadelphie. Arrivées sur la côte Ouest, les espèces du Pacifique, ahi et mahimahi, faisaient leur entrée exotique dans mon lexique, le monkfish et le John dory  fréquentaient leurs cousins des eaux tropicales.

 

Quelques bonnes feuilles estivales...

"La planète, après s’être McDonaldisée, est en train de se Starbuckiser, de se muffiniser, et de se sushiser et maintenant de se cupcakiser." 

 http://frenchquartermag.com/a-few-good-summer-pages/

 

Touche pas à mon pain

D’où êtes-vous ? Ce n’est pas exactement la même chose que d’où venez-vous ?Where are you from? Le Français qui vit ailleurs a plusieurs réponses possibles en tête lorsqu’on le lui demande. Pour faire simple, il dira qu’il vient de France, bien entendu… Mais encore ? Contrairement à ce à quoi beaucoup d’Américains s’attendent, nous ne venons pas tous de Paris...

http://frenchquartermag.com/966/?lang=fr

Don't mess with our bread

http://frenchquartermag.com/966/

For a French person, “Where are you from?” is not exactly the same as asking: “Where do you come from?” The French native living abroad has several possible answers upon being asked about where he/she is from exactly in France. To keep it simple, he/she will tend to get away from this complex question by providing a vague response: from France. From an American perspective, chances are he/she is from Paris–it almost goes without saying. Although being French does not obviously automatically equates to being Parisian...

 


 

1 Chateaubriand. Mémoires d’Outre-Tombe, Livres I à XII. Les Classiques de Poche. Page 455.