DÉCOUPAGE DU RÉEL
POSER SON REGARD
Ce qui me permet désormais d’écrire librement sur l'Amérique, la France et l'Italie découle de mes voyages entre Los Angeles, l'Italie et la France. Quand j’étais résidente californienne à temps plein, j’étais dans l’action du processus d’américanisation, et tout à fait incapable, mis à part quelques sursauts liés à ma tournure d’esprit française, sous formes de « rechutes » inéluctables, d’avoir le recul nécessaire pour pouvoir penser la ville sous un angle d’analyse plus objectif. J’ai à présent la « bonne distance » pour parler de l’objet, c’est-à-dire de n’être ni trop près ni trop éloignée me libérant de la myopie inhérente au fait d’être située trop au centre et au cœur du sujet-objet.
"...en voyageant, ayant reconnu que tous ceux qui ont des sentiments fort contraires aux nôtres, ne sont pas, pour cela, barbares ou sauvages, mais que plusieurs usent, autant ou plus que nous, de raison ; et ayant considéré combien un même homme, avec son même esprit, étant nourri dès son enfance entre les Français ou des Allemands, devient différent de ce qu’il serait, s’il avait toujours vécu entre des Chinois ou des Cannibales ; et comment, jusques aux modes de nos habits, la même chose qui nous a plu il y a dix ans, et qui nous plaira peut-être encore avant dix ans, nous semble maintenant extravagante et ridicule : en sorte que c’est bien plus la coutume et l’exemple qui nous persuadent, qu’aucune connaissance certaine, et que néanmoins la pluralité des voix n’est pas une preuve qui vaille rien pour des vérités un peu malaisées à découvrir, à cause qu’il est bien plus vraisemblable qu’un homme seul les ait rencontrées que tout un peuple : je ne pouvais choisir personne dont les opinions me semblassent devoir être préférées à celle des autres, et je me trouvai comme contraint d’entreprendre moi-même de me conduire ... »
« Mais je croyais avoir déjà donné assez de temps aux langues, et même aussi à la lecture des livres anciens, et à leurs histoires, et à leurs fables. Car c’est quasi le même de converser avec ceux des autres siècles, que de voyager. Il est bon de savoir quelque chose des mœurs de divers peuples, afin de juger des nôtres plus sainement, et que nous ne pensions pas que tout ce qui est contre nos modes soit ridicule, et contre raison, ainsi qu’ont coutume de faire ceux qui n’ont rien vu. Mais lorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays ; et lorsqu’on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci ... » 1
1 Descartes, René, Discours de la Méthode , première partie, Flammarion 1966, pages 36 et 45.
Derniers commentaires
Bonsoir !
Très touchée que vous ayez pris le temps de rédiger un avis si positif. Très heureuse de vous avoir touché.
Bien à vous
N
bravo !
votre texte sur le gout de la France est extraordinaire !
vous atteignez l'essence d'une impression impalpable unique car Française
jamais j'avais lu un tel condensé
merci
Bonjour et merci pour votre commentaire !
En fait, je ne souhaite pas faire cela sur FB car j’ai 1700 expressions... publier dans de bonnes conditions serait effectivement envisageable ! Merci !
Je ne suis pas éditeur, dommage ! Vous pourriez lancer un jeu sur FB. Trouver des expressions dynamique pour remplacer les déprimantes.