OVER COMPLICATION AND OVER SIMPLIFICATION OF REALITY

Le Français réagit toujours d'abord en fonction de ses émotions, et sera systématiquement en situation qualifiée de over-reacting l’Américain, quant à lui, tient ses émotions à distance. De même, face à une situation donnée, le Français aura tendance à en compliquer la réalité, over-complicate reality alors que l’Américain s’emploiera à la simplifier, over-simplify reality Ces perspectives antagonistes expliquent la vision « trop » optimiste et « trop » pessimiste de chaque culture.

Au final, c’est ainsi que nous aurons la coexistence de deux perceptions de réalités différentes, voire paradoxales, sous les yeux. Quelque part, peut-être entre les deux, se situe « la » réalité. Question de culture et de  point de vue. Comme si cette deuxième culture devenait une seconde nature selon l’expression de Pascal vis-à-vis de la coutume dans ses Pensées De même, un Français intellectualisera systématiquement une situation donnée, là où un Américain ne «  verra rien  » Tocqueville 1   remarquait déjà que les Américains : « sont plus occupés d’affaires que d’études, d’intérêts politiques et commerciaux que de spéculations philosophiques ou de belles-lettres. [...] C’est de ce côté-là que la langue s’étendra sans cesse, tandis qu’au contraire elle abandonnera peu à peu le terrain de la métaphysique et de la théologie ».

Henry James notait que : «  La complexité européenne, agissant plus clairement sur la vision, était devenue coutumière et calculable [pour lui résidant en Europe pendant vingt ans] - se présentant […] comme l’étoffe même, la texture ordinaire du monde réel. » 2

Une fois rentré aux États-Unis, James note alors : «  Car la relation avec un groupe d’aspects s’établit plus vite en Amérique que partout ailleurs – quel que soit le groupe, et je pense pouvoir ajouter quelle que soit la relation. Peu d’éléments du tableau sont timides ou cachés – mêlés à d’autres, dissimulés derrière eux, enveloppés par le temps et exigeant donc du temps pour surgir. Ils se tiennent en rang comme les lettres d’un alphabet, et c’est pourquoi, malgré l’ampleur de la surface exposée, chaque caractère rencontré ou choisi, contribue à l’épellement (sic) du mot, donne aussitôt des informations, et la signification générale. Le mot ainsi reconnu représente immédiatement une multitude d’autres et constitue, pour un observateur expert, un spécimen très suffisant. « Ici, manifestement, plus rapidement qu’en Europe », se dit le visiteur, « on sait ce qu’il y a et ce qu’il n’y a pas ; donc il est moins nécessaire de multiplier les cas pour confirmer son impression. »

WHAT YOU SEE IS WHAT YOU GET

« … c’est comme si chaque individu et chaque chose vous disaient directement : « Oui, c’est comme cela que nous sommes […] de plus, c’est tout ce qu’il y a de nous ; nous exposons tout. Faites-en ce que vous voulez […]. Car rien au monde n’est plus facile à voir, et même dans tous les détails. Mais qu’est-ce que cela signifie, d’être comme vous êtes ? car je suppose que cela signifie quelque chose ; quelque chose de plus que la simple universalité de votre type, avec ses petites déviations mais sans aucune dérogation ; quelque chose de plus que votre façon de rester silencieux autour d’une même table, que votre extraordinaire, votre énorme passivité, que votre absence apparente de critique ou de jugement de rien de ce qui se présente à vous ou de ce qui vous arrive (à part de remarquer à l’occasion que c’est « bien » !) que, bref, ce que vous vous trouvez manger et la manière dont vous le mangez. » 3


1 de Tocqueville, Alexis, De la Démocratie en Amérique. Tome 2. Éditions GF Flammarion, «  Modification de la Langue Anglaise » , page 85.

2 James, Henry, La Scène Américaine, 1907. Minos, la Différence, 2008, pages 506-508.

3 James, Henry, La Scène Américaine, 1907. Minos, la Différence, 2008, page 558.